Quand on achète un vêtement ou du tissu, on ne se pose pas forcément la question de tout ce

que sa fabrication a généré en amont. Voici la réalité de l’industrie textile aujourd’hui.

Les procédés de fabrication

Actuellement, la filière textile est la 2e industrie la plus polluante (après le pétrole).

Les deux principales fibres produites sont le synthétique et le coton, à eux 2 ils représentent 97%

de la production mondiale de fibre.

On trouve différents chiffres concernant la quantité de fibre produite, pour le coton, cela varie

entre 20 et 30 millions de tonnes par an. Pour simplifier, je me suis référée à un seul site, qui a des

chiffres pour toutes les fibres : https://www.planetoscope.com/

La production de synthétique s’élève à 38 millions de tonnes par an, le coton 25.3 millions de

tonnes par an, la laine 2,1 millions de tonnes, la soie 159 648 tonnes, le lin près de 150 000 tonnes,

le chanvre 90 000 tonnes, par an.

 

Ce petit schéma illustre la proportion de fibres textiles produites mondialement. On peut voir que les deux fibres les plus polluantes à la fabrication remplissent le camembert ! Et même si le lin et le chanvre sont à la mode, ils ne sont pas encore très représentatifs.

 

Le synthétique est issu du pétrole, qui est une ressource limitée, et lointaine (pas de production locale !). Et de plus les fibres synthétiques sont polluantes à chaque lavage, en dégageant des microparticules qui finissent dans les océans.

 

« Le polyester lors de sa teinture nécessite l’usage de véhiculeurs.(…)en général ces véhiculeurs sont des produits toxiques pour l’environnement ; certaines de leurs particules peuvent être rejetées dans l’environnement par les eaux usées et ainsi contaminer  les milieux aquatiques »

« Lors d’un lavage de fibres synthétiques de petites particules plastiques sont rejetées. Des particules de plastique qui composent les fibres synthétiques ont été retrouvées en mer (….) Les 240 millions de tonnes de matières plastique produites chaque année dans le monde, transformées en de millions de petites particules, voyagent par les réseaux d’eaux usées jusqu’aux océans. Une fois le voyage sous terre terminé, le plastique flotte à la surface de l’eau et se regroupe sous forme de gyres, de gigantesques tourbillons d’eau océanique formé d’un ensemble de courants marins, menaçant l’écosystème marin tout entier, c’est la formation de « continents de déchets ».« Rien qu’en Méditerranée  500 tonnes de plastiques y seraient présentes. » (source : https://tpefibrestextiles.wordpress.com/linconvenient-environnemental/)

La culture du coton consomme beaucoup d’eau, et de pesticides. 80% du coton est OGM. Les pesticides détruisent les écosystèmes, et ont un impact conséquent sur la santé des gens.

 

« Jusqu’à 20 traitements de pesticide peuvent être employés sur une même parcelle chaque année. ¼ des pesticides utilisés dans le monde sont utilisés pour la culture du coton. (…) c’est la plante qui consomme le plus d’eau (…) À titre d’exemple 1 tee-shirt nécessite environ 2700 litres d’eau. » (source : https://theplacetofrip.com/mode-et-environnement-ca-demenage)

« Selon les techniques utilisées, il faut entre 5 400 et 19 000 litres d’eau pour produire 1kg de coton » (source : http://www.jeconsommeresponsable.fr/de-a-a-z/comprendre/362-le-coton-en-quelques-chiffres.html)

« Aujourd’hui, plus de 80% du coton dans le monde serait du coton BT, c’est à dire un coton OGM qui produit une protéine insecticide.(…) Contrairement aux promesses de Monsanto, le coton OGM cultivé en Inde et au Pakistan a besoin de plus en plus de pesticides à cause de l’apparition de prédateurs résistants » (source : https://blogs.mediapart.fr/baobab3/blog/240517/pourquoi-la-mode-fait-partie-des-pires-pollueurs-au-monde)

Les procédés de transformation de la fibre consomment des produits toxiques et beaucoup d’eau, et pour la réalisation du tissu, il y a des teintures, des apprêts, et autres produits plus ou moins chimiques (quelque soit le procédé de coloration : grand teint, imprimé ; toiles cirées, imperméabilisant…)

 

« les teintures textiles consomment 10 950 000 000 litres d’eau chaque jour » (source : https://www.pubavenue.com/Blog/impact-industrie-textile-environnement/) « En ce qui concerne l’étape de transformation de la fibre en fil, de nombreuses substances toxiques sont nécessaires, pour la teinture, le lavage, l’assouplissage. On y retrouve : chrome, mercure, plomb, cuivre » (source : https://theplacetofrip.com/mode-et-environnement-ca-demenage)

 

 

Les conséquences sont en premier lieu une pollution des sols, des nappes phréatiques, des cours d’eau, de l’air, et ainsi destruction des écosystèmes (flore et faune, ainsi que tous les micro-organismes), et cela touche en particulier la santé des travailleurs en première ligne, et des populations locales, causant de nombreux décès. Un écosystème est l’ensemble des êtres vivants et des interactions entre eux, la nature est parfaitement organisée, les espèces viennent se réguler les unes les autres, et coopèrent. Chaque espèce a besoin des autres pour l’équilibre. Les animaux tuent pour se nourrir. Les humains, là dans ce cas, déversent des produits toxiques, qui vont tuer nombre d’espèces, des écosystèmes entiers… juste pour se vêtir, et plus que les réels besoins, on est dans le superflu. Alors qu’il est possible de produire des fibres textiles de manière écologique, en particulier en Agriculture Biologique, sans traitements, avec désherbage manuel ou mécanique, sans polluer les sols. De plus certaines fibres ont un mode de culture plus écologique que le coton : le lin et le chanvre.

 

 

« L’irrigation des cultures entraîne une forte consommation d’eau pouvant ruiner toute une région. Ce fut le cas de l’assèchement de la mer d’Aral. Cet assèchement est dû au détournement de l’eau de cette mer afin d’irriguer les champs   de culture de coton d’Asie centrale. Sa surface a été divisée   par trois en seulement deux décennies. C’est l’une des plus importantes catastrophes environnementales du XXème siècle. » (source : https://tpefibrestextiles.wordpress.com/linconvenient-environnemental/)

«En Inde, le coton OGM n’a pas rempli ses promesses de rendements et a ruiné un grand nombre de paysans, poussant certains au suicide. Au Burkina Faso, le coton OGM se vendait beaucoup moins cher que le coton normal parce que ses fibres étaient de trop mauvaise qualité, ce qui a entraîné de grosses pertes financières pour les agriculteurs et les compagnies cotonnières. » (source : https://blogs.mediapart.fr/baobab3/blog/240517/pourquoi-la-mode-fait-partie-des-pires-pollueurs-au-monde)

« les usines textiles rejettent leurs eaux usées et contaminent ainsi les eaux de surface et souterraines comme les nappes phréatiques » (source : https://tpefibrestextiles.wordpress.com/linconvenient-environnemental/)

« Des lacs asséchés, des rivières polluées (70% des cours d’eau en Chine sont pollués à cause de l'industrie textile) et qui changent de couleurs, des villages entiers malades, des populations obligées de vivre avec des masques en permanence. » (source : https://www.greenybirddress.fr/limpact-de-lindustrie-textile-monde/)

« Les agriculteurs lors de l’utilisation de pesticides respirent des vapeurs toxiques et peuvent contracter de nombreuses maladies » « le producteur de coton indien souffre en moyenne de trois cas d’intoxication aux pesticides sur une seule saison. » « Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, cette culture [de coton] serait responsable de 22 000 morts par intoxication chaque année : Des personnes ayant bu l’eau contaminée par les produits toxiques de pesticides. » (source :https://tpefibrestextiles.wordpress.com/linconvenient-environnemental/)

« Des milliers de personnes meurent chaque année de cette industrie. Sur les plans humains, des populations sont contaminées, augmentation du taux de mortalité infantile, cancers, anémies, infertilité, malformations physique et mentale. » (source :https://www.greenybirddress.fr/limpact-de-lindustrie-textile-monde/)

 

Les conditions d’acheminement

 

Les différentes étapes de production se font souvent dans des lieux géographiques différents. Et la plupart des étapes de production sont dans des pays où le coût de la main d’œuvre est faible. Entre la culture de la fibre, la transformation en fil puis en tissu, la confection, peuvent être réalisés dans des pays voire des continents différents, et la majorité des ventes est en occident, pays de surconsommation. La plupart des productions de lin est réalisée en France, puis transformé en Chine et revendu en France !

 

« Entre le champs et la boutique un vêtement peut parcourir jusqu’à 65 000kms soit plus d’1,5 fois le tour de la terre (Source Ademe). (…) En cumulant production + transport c’est 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre par an ! »(source : https://theplacetofrip.com/mode-et-environnement-ca-demenage)

 

 

Les conséquences sont une augmentation des gaz à effet de serre, et le réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique ne veut pas dire qu’on aura bientôt un temps équatorial, mais c’est plutôt un bouleversement climatique avec des saisons déséquilibrées, qui entraîne des cataclysmes en tout genre (ouragan, incendies, …), et la fonte des glaciers qui entraîne une montée des eaux, et une bonne partie des terres risque d’être submergée, ainsi que de nombreuses espèces animales risquent de disparaître.

 

 

exemple

« Les vêtements que nous achetons neufs voyagent énormément. Un cheminement classique peut se profiler comme cela, le coton est produit en Ouzbékistan, filer en Inde, teint au Maroc et vendu en France. »(source : https://theplacetofrip.com/mode-et-environnement-ca-demenage)

 

Les conditions de travail

 

La plupart des ouvriers du textile ont des conditions de travail déplorables : ils travaillent énormément, pour des salaires qui ne leur permettent pas toujours de manger à leur faim, ni de nourrir leurs enfants, il n’y a pas de mesures de sécurité, ce qui met en danger leur santé, ils n’ont pas le droit de se réunir pour faire valoir leurs droits. Des enfants travaillent, et pour certains c’est en plus d’aller à l’école. C’est bien loin de nos réalités.

 

Voici un résumé des conditions de travail :  Des salaires très bas,  pas de congés, et expulsé ou remplacé si vous êtes malade, des enfants qui dorment dans les usines, manipulation de produits chimiques sans protections (gants, chaussures, masques), conditions de sécurité non respectées, aucune couverture sociale, interdiction de grève ou de syndicats…

 

Et plus spécifiquement dans certains pays (Chine, Inde, Bengladesh) : travail des adolescents voire des enfants, travail forcé, interdiction d’association et de négociation collective, temps de travail et heures supplémentaires non payées, discrimination, corruption …

 

(source : https://www.greenybirddress.fr/limpact-de-lindustrie-textile-monde/)



Voici des exemples de salaires : « L’industrie textile des pays du sud est asiatique représente un total de 3 millions d’employés qui travaillent entre 10 et 16h par jour, six jours par semaine. (…) un ouvrier textile recevrait un salaire compris entre 45 et 60 euros par mois et font du Bangladesh le pays le moins cher. En Chine un employé est payé entre 188 et 300 euros mensuels. » (source : http://infopoisontextile.unblog.fr/2013/06/30/les-pays-producteurs-de-textile-et-autres-produits-manufactures/)

 

 

En France, quand on travaille 35h/semaine, cela s’appelle un temps plein, et on n’a pas le droit de dépasser les 44h/semaine en tant que salarié. On a des congés payés, arrêt maladie, sécurité sociale, allocations chômage, retraite, des droits à la formation (formation payée et rémunérée). Le smic mensuel est de 1300 euros /mois. La belle vie, quoi !

 

Les conséquences : une grande quantité de travail qui n’est pas épanouissant, cela crée de l’épuisement. Les salaires très bas, les personnes ne peuvent pas subvenir à leurs besoins ni à ceux de leur famille (parents dépendants, enfants…), donc les enfants travaillent, ce qui nuit à leur équilibre, ainsi qu’à leur avenir. Ces conditions de travail entraînent des problèmes de santé, et des décès. Car pour être en bonne santé, on a besoin d’activité, de repos, de bien se nourrir, d’activités épanouissantes, d’être en lien avec d’autres personnes et d’actions qui ont du sens. C’est tout un écosystème interne à équilibrer ! Et à priori les humains ont les mêmes besoins quel que soit le pays où on vit !

 

 

Voici des informations qui illustrent les conditions de travaillent :

« Au Cambodge, les femmes sont si peu payées qu'elles ne peuvent pas se nourrir correctement, et perdent régulièrement connaissance sur leur lieu de travail. Au Bangladesh, dans des centaines d'usines, les ouvriers du textile, pour répondre à la demande, peuvent travailler jusqu'à 90 heures par semaine, pour des salaires de misère. » (source : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/question-de-choix/qui-fabrique-nos-vetements_1741559.html)

« Au Bangladesh, une ouvrière du textile meurt tous les deux jours» et cela représente « Plus de 1 700 morts en huit ans. » (source : https://www.bastamag.net/Au-Bangladesh-une-ouvriere-du)



Sur le travail des enfants : «15 % des enfants entre 6 et 14 ans des bidonvilles de la capitale bangladaise Dhaka ne vont pas à l’école et travaillent à temps plein. Ce chiffre grimpe à 50 % à l’âge de 14 ans. À l’usine dès 6 ans, ces enfants sont mobilisés 64 heures par semaine pour fabriquer les vêtements de grandes marques internationales. » (source :https://www.consoglobe.com/travail-des-enfants-64-heures-par-semaine-au-bangladesh-cg)

 

Le gaspillage

 

La surconsommation actuelle engendre un énorme gaspillage vestimentaire. Si on revient 2 générations en arrière, les gens avaient une tenue pour la semaine, et une tenue pour le week end… Aujourd’hui, dans la moyenne on change de vêtement chaque jour, donc on a au minimum une 10aine de tenues, et comme la mode change à chaque saison, il y a énormément d’achats vestimentaires (cela touche en particulier les femmes, et certaines professions). Aujourd’hui, certaines personnes ne mettent pas deux fois de l’année la même tenue (ça représente une grande garde robe !). Les vêtements pour enfant sont de plus en plus identifiés fille/garçon (de par la couleur et les motifs) ; quand c’était neutre et la mode moins marquée, toute la fratrie mettait les mêmes vêtements. Cette surconsommation est particulièrement forte dans les pays les plus aisés, mais également, par les gens aisés dans tous les pays.

 

« En France, un adulte achète en moyenne 30 kg de textiles par an, (…) seuls 2,5 kg de vêtements par an et par personne sont recyclés (…) Beaucoup de vêtements ne sont portés que de sept à dix fois au cours de leur vie, » (source : https://www.gralon.net/articles/commerce-et-societe/mode-et-beaute/article-mode---halte-au-gaspillage-vestimentaire-11016.htm)

 

« On découvre également que 70% de notre garde-robe ne serait pas portée... Un gaspillage très nuisible sachant que, selon une étude britannique, nous achetons environ 20 kilos de vêtements neufs chaque année et que chaque article contribue à hauteur de 20 fois son poids aux gaz à effet de serre. » (source : https://www.huffingtonpost.fr/2015/11/29/impact-textile-environnem_n_8663002.html)

 

 

Cette surconsommation amplifie l’impact écologique, et entraine une grande quantité de déchets. Certains vêtements sont revendus, ou recyclés, mais encore beaucoup sont jetés.

 

« Les vêtements représentent près de 4 millions de tonnes de déchets par an. Seulement 20% des vêtements sont recyclés, en 2017 sur les 184 000 tonnes triées en France, 2/3 ont été réutilisés, 1/3 recyclés pour produire des chiffons et des isolants. Cependant 80% des textiles finissent dans les décharges ou sont incinérés. » (source : https://theplacetofrip.com/mode-et-environnement-ca-demenage)

« Le continent africain est le point de chute des vêtements jetés. Dans les pays occidentaux, (…) lorsque vous donnez des vêtements à des organismes de bienfaisance à travers des magasins, des sacs de collecte ou des dépôts, beaucoup sont remis aux nécessiteux ou vendus dans des magasins de charité pour recueillir des fonds. Mais quand il s'agit de vêtements déchirés ou endommagés, ou d'objets que personne ne veut acheter, ils sont souvent envoyés en Inde, plus précisément à Panipat d'où ils seront introduits dans un commerce international d'occasion. Plusieurs milliards de vêtements anciens sont achetés et revendus dans le monde chaque année. » (source : https://www.bbc.com/afrique/monde-40582596)